Nous savons que la chirurgie actuelle de stabilisation du genou en cas de rupture du ligament croisé antérieur ne restaure pas complètement l’anatomie fonctionnelle et seule l’étude cinématique du ressaut rotatoire permettra de progresser, encore faut-il que cette mesure soit standardisée lors de sa réalisation.
On s’oriente donc actuellement vers une analyse cinématique non invasive légère permettant des examens rapides que ce soit en consultation, au bloc, pour les deux genoux, à un coup raisonnable avec comme objectif final une vraie individualisation du traitement.
C’est dans cette perspective que notre projet a démarré en 2010 en partenariat avec l’Université technologique de Compiègne.
Durant 2 ans, les genoux blessés ont été enregistrés en consultation et au bloc opératoire (avant et après la reconstruction du ligament croisé antérieur) grâce un protocole précis mesurant le ressaut rotatoire (induit par l’absence du ligament) en utilisant des capteurs Bluetooth. Ensuite, un logiciel a été élaboré permettant le traitement du signal recueilli afin d’obtenir une donnée cinématique la plus pertinente : la vitesse angulaire en fonction de l’angle de flexion du genou (elle augmente soudainement vers 30° lorsque le ressaut apparait).
Ces premiers résultats ont été présentés à la SofCOT 2013 (Première Française !), démontrant que l’analyse cinématique légère était faisable en pratique clinique mais imposait de nouvelles contraintes que ce soit dans le recueil du signal, son traitement ou sa restitution de façon conviviale pour nous orthopédistes.
En conclusion, l’utilisation de capteurs inertiels devrait offrir à terme la possibilité d’obtenir des mesures cinématiques objectives et personnalisées de façon non invasive à partir d’une acquisition rapide pratiquée en routine clinique. Ces mesures permettent :
En préopératoire d’établir le classement des laxités en différents groupes.
En postopératoire de juger de ce que l’on a fait et de décrire la cinématique des patients insatisfaits en rapport direct avec une insuffisance de correction de la laxité rotatoire même en cas de laxité sagittale réduite.
Ces mesures permettent d’espérer personnaliser la reconstruction du LCA et pourquoi pas d’aider à la décision ou à la réalisation de gestes chirurgicaux complémentaires tel qu’une ténodèse externe (grand sujet d’actualité depuis la « découverte » d’un nouveau ligament par une équipe Belge en 2013).
C’est dans cette perspective que les travaux de recherche continuent afin de personnaliser au mieux le traitement en fonction du type de laxité présentée par le patient, de ses prétentions sportives, des lésions associées des ménisques, de l’état des cartilages et du type de greffe disponible pour reconstruire.
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